Posté: 13 juillet, 2017
Comment l’Église devrait-elle réfléchir à la santé mentale ?
Notre état mental est lié à notre corps et à notre esprit, et, comme eux, peut être en mauvaise santé. Dans la partie ‘Perspectives’ de ce numéro, des responsables et des praticiens de la santé d’églises anabaptistes du monde entier traitent du rôle des églises dans la prise en charge de la santé mentale de leurs fidèles.
Gérer le stress pour être en bonne santé mentale
Le stress est un problème majeur au Japon. Quand quelqu’un tombe malade, physiquement ou mentalement, au Japon nous disons souvent que c’est à cause du stress. Nos relations sont souvent source de stress, que ce soit avec les collègues de travail, les membres de la famille ou même les membres de l’église. Ces tensions nous font perdre notre paix intérieure. Par conséquent, la ‘gestion du stress’ est importante.
Le stress provoque non seulement la maladie mentale, mais aussi la maladie physique, parce que nos corps et nos esprits sont liés. De même, si nous sommes physiquement malades, notre état mental peut s’affaiblir.
Les liens entre l’esprit et le corps
Il est donc important de se rappeler que le corps et l’esprit ne sont pas séparés. Bien que l’on considère habituellement que le stress agit sur notre état mental, c’est notre corps qui y réagit d’abord.
Imaginez que vous vous sentiez stressé. Les muscles de certaines parties de votre corps ressentent votre tension et se raidissent. Il faut donc savoir comment se détendre. Je voudrais d’abord aborder les émotions et les ‘limites dans les relations’ pour relâcher les tensions par deux approches du corps et de l’esprit.
D’abord, les ‘sentiments’, c’est-à-dire les émotions, en particulier les émotions négatives, sont cruciales. Quand nous avons un conflit, nous ressentons probablement une tension et des sentiments négatifs envers quelqu’un. Et nous nous sentons malheureux ou même coupables, parce que nous sommes censés être gentils et doux, surtout en tant que chrétiens. Nous perdons la paix intérieure.
Il nous faut contrôler ou renoncer à ces sentiments négatifs d’une manière ou d’une autre. C’est difficile, et cela peut prendre beaucoup de temps. D’abord nous devons en être conscients et les admettre. Ensuite, nous devons apprendre à y faire face.
La méditation et les mouvements (l’exercice, la danse, la marche etc.) sont des façons de se distancer de nos sentiments. Mon mari et moi-même pratiquons l’aiki. Cet art martial japonais a été conçu pour l’autodéfense ; cependant, nous le pratiquons pour notre formation mentale. Il est plus facile pour moi de méditer tout en bougeant, comme en pratiquant l’aiki ou en marchant. Pratiquant la chiropraxie, je suis convaincue qu’il est utile de prendre soin de son corps. Lorsque notre corps est détendu, notre esprit est également détendu. Le corps influence l’esprit.
La puissance de la confession
Il est difficile pour les chrétiens de travailler sur leurs sentiments négatifs car ils admettent difficilement en avoir. Pourtant, ces émotions les empêchent d’être en paix avec eux-mêmes ou avec les autres. Les relations ‘d’amitié spirituelle’ (rencontres régulières pour partager et prier ensemble), sont une excellente manière de travailler à ces sentiments et de réduire les tensions.
Nos communautés chrétiennes devraient créer des lieux sécurisés pour confesser nos sentiments négatifs et les porter devant Dieu. J’aimerais que mon assemblée ait un temps de retraite silencieuse pour faire son propre examen, puis partager et prier.
Les relations sont l’autre élément fondamental. Nous devons apprendre à poser des limites saines. Il n’est pas facile pour les Japonais de dire ‘Non’. C’est une tension. Voulant rester en paix ou en harmonie avec les autres, nous hésitons à dire ‘Non’. Je constate souvent les problèmes que créent dans les paroisses ces limites mal définies.
Je suis dans un groupe qui travaille sur la question des limites. Nous utilisons le livre des Dr. Henry Cloud et John Townsend : Boundaries: When to Say Yes, When to Say No To Take Control of Your Life (Les limites : Quand dire Oui, quand dire Non pour contrôler sa vie). Il est utile de savoir que dans la Bible, Dieu a posé des limites. Notre groupe étudie des récits bibliques en se focalisant sur l’aspect des limites.
Pour moi, l’aiki est aussi un moyen d’explorer les limites. Maai, l’espace et le temps avec les autres, est important dans les arts martiaux japonais. Nous comprenons ce qu’est le maai en le pratiquant. Ai, dans aiki, signifie synchronisation et connexion ; ki est une forme d’énergie corporelle. Nous devons être en contact avec l’adversaire par le ki. L’adversaire n’est pas un ennemi mais devient une partie de nous-même. Il nous faut être connectés et devenir un pour pouvoir mettre à terre notre adversaire. Ce sens du moment, de l’espace et de la connexion peut être utile dans notre relation avec les autres.
Il est utile d’apprendre comment faire face au stress pour créer la paix intérieure nécessaire à la santé mentale. La méditation et l’exercice pour travailler sur mes sentiments négatifs, ainsi que continuer à apprendre à poser des limites, m’aident beaucoup.
—Miwako Katanois est membre de l’église mennonite de Sapporo (Japon).
Cet article est paru pour la première fois dans le numéro avril 2017 de Courier/Correo/Courrier
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