Posté: 9 janvier, 2018
Ana (nom modifié), a échappé à ses kidnappeurs, un groupe paramilitaire de Medellin, en Colombie et est arrivée en Equateur en 2016 après deux ans de captivité. Elle subit de nombreux abus et fut victime de violences, en conséquence desquelles elle tomba enceinte. Elle fut aussi obligée à commettre de nombreux délits. Cette femme fuit la violence de son pays mais la douleur et la rage l’accompagnèrent en Equateur.
L’église mennonite de Quito la reçut ainsi, apeurée, méfiante, triste, épuisée, sans forces ni envie de vivre, pourtant, l’église et le programme « Projet pour les Personnes Réfugiées » (Proyecto con las Personas Refugiadas) l’accueillirent, lui redonnèrent des forces et commencèrent un processus de guérison.
Depuis ses débuts, l’Église aspire à être une communauté multiculturelle et incluante, dont la mission est de prier et de travailler pour promouvoir la justice et construire la paix, inspirée par la vie de Jésus. En 2002, l’église mennonite de Quito en Equateur, ouvrit ses portes grâce à une initiative de la Red Menonita de Misiones, de la Iglesia Menonita de Colombia et de la Conférence Mennonite de Iowa-Nebraska (Central Plains).
L'église reçut l’appel d’accompagner les personnes réfugiées fuyant le conflit en Colombie et pour cela créa le Projet pour Personnes Réfugiées qui reçoit actuellement 100 familles par mois. Il les oriente, leur donne des vêtements, de la nourriture, un soutien psychologique et les outils pratiques pour commencer une nouvelle vie. En soi, l’aide matérielle donnée aux familles réfugiées les plus vulnérables va plus loin que le simple assistancialisme et cherche à trouver des solutions qui soient durables et qui offrent des alternatives pour une vie digne en Equateur.
Tous les mois, nous organisons des ateliers d’éducation pour la paix et les valeurs ouverts aux enfants réfugiés et aux enfants équatoriens dans l’objectif de construire la paix au travers de l’éducation ; Nous donnons aussi des ateliers pour les femmes de différentes cultures et origines où elles partagent leurs histoires, apprennent à prendre soin les unes des autres et à exprimer leur voix prophétique sans peur, tout en cherchant à marcher dans les pas du Christ.
Depuis cette année l’église a une équipe pastorale nationale composée de quatre femmes laïques qui font un travail pastoral bénévole et veulent renforcer le rôle des acteurs locaux au travers du discipulat et de l’accompagnement pastoral.
La multiculturalité de l’église apporte une diversité enrichissante aux personnes qui y assistent, elles trouvent alors dans l’anabaptisme la mise en pratique de l’amour de Dieu au travers de gestes concrets de solidarité, de réconciliation et de pardon et la recherche d’alternatives pour la paix et pour guérir les blessures causées par la violence dans leur pays.
Le Projet pour les Personnes Réfugiées reçoit le soutient du Mennonite Central Committee (MCC) et celui de nombreuses familles et églises équatoriennes qui font des dons de vêtements et d’objets. Ce travail nous a permis de découvrir que la mission et la coopération sont de bons chemins pour améliorer l’aide sociale et atteindre les objectifs communs.
Au travers de ce projet, l’église a pu donner un témoignage de foi et de service, de réconciliation et de pardon, d’une rencontre harmonieuse entre des cultures différentes.
Ce furent des mois d’accompagnement psychologique intensif, de cheminer avec Ana et de découvrir que la violence et l’injustice n’ont pas réussi à détruire sa capacité à pardonner, sa joie, ses rêves.
Aujourd’hui, Ana espère obtenir une bourse pour étudier la philosophie à l’université et elle a décidé, que malgré tout et par-dessus tout elle voulait être heureuse. Nous remercions Dieu de nous avoir permis d’être un canal au travers duquel sa grâce et son amour peuvent se déverser sur les personnes qui ont souffert de la violence.
—Communiqué de la Conférence Mennonite Mondiale écrit par Daniela Sánchez et Alexandra Meneses, Coordinatrices du Projet avec les Personnes Réfugiées de l’église mennonite de Quito.
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