Posté: 5 décembre, 2023
Canada
L’Église MB (frères mennonites) a vu le jour alors qu’un changement important parmi les mennonites se produisait dans ce qui était alors la Russie du Sud.
C’est en 1860 que certains membres de l’assemblée mennonite de Gnadenfeld, dans la colonie de Molotschna, ont demandé à leurs responsables de se réunir séparément pour la cène. Ces membres ne voulaient pas célébrer la cène avec ceux qui n’avaient pas fait l’expérience personnelle du renouveau et de la conversion piétistes. Lorsque les responsables ont refusé d’exaucer leur souhait, ces membres se sont réunis séparément, ont célébré leur propre communion et ont fondé l’Église Mennonite Brethren (MB – frères mennonites).
La raison de la création de l’assemblée MB était le désir de ceux qui ont été renouvelés grâce à l’influence du piétisme luthérien et baptiste de former une église qui inclurait uniquement les personnes partageant ces mêmes convictions. En revanche, les autres paroisses mennonites ont accepté les nouvelles influences piétistes ainsi que les pratiques et les formes de piété mennonites historiques. La position séparatiste des MB et son prosélytisme actif dans les paroisses mennonites ont créé des tensions.
Après un certain temps, des membres MB sont devenus mécontents du fossé qui s’était développé entre leur assemblée et l’assemblée mennonite, et ils ont été le fer de lance de la formation de l’église mennonite Allianz. Cette assemblée essayait d’être un pont entre les deux, permettant des formes de piété plus diverses.
Tensions inter-ecclésiales
La migration mennonite vers l’Amérique du Nord dans les années 1870 a eu une importance considérable. De nombreux autres immigrants mennonites venus de diverses églises de Russie se sont joints à la General Conference. Les tensions qui existaient entre les frères mennonites et les autres assemblées mennonites de Russie ont été désormais transférées aux relations entre les MB et les assemblées de la General Conference.
Aux États-Unis, avec l’évangélisation comme objectif principal et en raison de la facilité d’accès à la langue allemande, les MB a continué à essayer d’attirer d’autres paroisses mennonites. Ils créèrent des tensions. Lorsque l’union d’églises MB, dont le siège était au Kansas, envoya des « missionnaires » dans la région de Winkler (sud du Manitoba) dans les années 1880 et formèrent la première assemblée MB au Canada, cela créa de nouvelles tensions avec les mennonites de la région.
Les groupes d’immigrés se séparent à nouveau
L’immigration au Canada de 20 000 mennonites dans les années 1920, dont environ un tiers étaient des frères mennonites, promettait initialement de changer la dynamique entre les MB et les autres mennonites.
L’immigration elle-même nécessitait une coopération entre les groupes mennonites du Canada et ceux de la Russie. En Russie, le mouvement d’émigration était dirigé par B. B. Janz et C.F. Klassen, deux MB. Au Canada, il était dirigé par David Toews, président du Canadian Mennonite Board of Colonization, et modérateur de la Conference of mennonites in Canada, qui fait maintenant partie de MC Canada.
Au moment de leur immigration, les membres des 2 groupes, mennonites et MB, avaient des cultes en commun dans de nombreux endroits. Pendant une courte période, il a semblé que le traumatisme et les difficultés de l’immigration allaient permettre de combler le fossé au sein de la communauté mennonite.
Cependant, les loyautés institutionnelles et confessionnelles sont réapparues. Des lieux de culte séparés furent créés, et dans chaque communauté deux églises confessionnelles se formèrent.
Coopération avec le MCC autour de l’objection de conscience
Il existe cependant aussi des domaines de coopération.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les MB, la Conference of mennonites in Canada et les Swiss Mennonites Conferences in Ontario proposèrent ensemble au gouvernement fédéral un service alternatif comme une forme d’objection de conscience.
Par la suite, les MB ont participé à la fondation du Comité central mennonite (MCC) du Canada dans les années 1960 et à la création du Columbia Bible College en Colombie-Britannique au début des années 1970. Cet esprit de coopération s’est poursuivi lors de la création de l’Université mennonite canadienne (CMU) à Winnipeg dans les années 1990.
Le changement de langue utilisée lors des cultes de l’allemand à l’anglais dans les années 1950 et 1960 a permis aux MB d’accepter bon nombre des aspects du mouvement évangélique canadien. Le piétisme MB s’est transformé en mouvement évangélique. Pour certains membres des MB, cette influence a entraîné un renforcement des liens avec les groupes évangéliques et une diminution de l’accent mis sur la paix, le service et d’autres caractéristiques mennonites historiques.
D’autres MB ont été influencés par l’impulsion de renouveau de la ‘Vision anabaptiste’, associée au nom d’Harold S. Bender. Nombreux sont ceux qui, partageant ces convictions, sont devenues de fervents promoteurs des questions de paix et de justice et ont soutenu des organisations inter-mennonites comme le MCC.
Les MB ont également joué un rôle important dans la fondation et le soutien de diverses organisations de services inter-mennonites comme la Banque canadienne de Grains et la branche canadienne de Mennonite Economic Development Associates.
La situation actuelle
Dès les premières années, les deux groupes ont évolué vers une relation dans laquelle, même s’ils sont quelque peu différents, ils peuvent s’accepter et apprendre l’un de l’autre.
—John J. Friesen est professeur émérite de l’Université mennonite canadienne. Cet article est l’adaptation d’un article paru dans le Canadian Mennonite.
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