Posté: 7 août, 2023
Éthiopie
L’Éthiopie est située dans la Corne de l’Afrique. À certains égards, nous sommes uniques, mais à d’autres, nous sommes semblables aux autres pays africains. Notre pays est très pauvre et a une population d’environ 110 millions d’habitants.
Ce n’est pas facile de vivre dans un pays où les problèmes sont tous autour de nous comme l’air que l’on respire, surtout quand il est possible de sortir du pays et d’être libre. Mais rester et vivre parmi mon peuple – c’est une réalité douce-amère, mais c’est mon choix. C’est là que je trouve un but à ma vie.
Une situation dramatique
L’année dernière, 2022*, fut une période très joyeuse, et en même temps, très triste pour moi et pour notre nation.
Notre pays traverse une période difficile. Nous nous sommes réjouis à un moment donné l’année dernière de ce que le conflit dans le nord soit terminé, mais malheureusement, un autre a éclaté dans l’ouest du pays.
Parlons de notre économie. Elle a commencé à se détériorer – comme chez vous – pendant le COVID-19, mais elle continue en raison de conflits incessants dans le pays.
Malheureusement, ces conflits se poursuivent sous la forme du tribalisme, qui est devenu un problème chronique. C’est maintenant très difficile pour nous de vivre ensemble ; cette intolérance à la différence a commencé à démanteler le tissu même de notre société.
Cela entraîne le pays dans une autre vague de désastre économique et politique.
Cela va de mal en pis. L’inflation alimentaire monte en flèche et rend la vie très pénible pour beaucoup de gens. La sécheresse a également frappé la partie sud-est de notre pays où maintenant, la situation est si grave que de nombreuses personnes commencent à mourir de faim.
Le conflit religieux entre orthodoxes et évangéliques, ou entre protestants et musulmans, est un autre facteur de cette situation dramatique.
Par conséquent, la vie dans notre pays est extrêmement difficile.
Vivre malgré tout
Une telle situation met vraiment au défi nos églises, nos organisations, nos paroisses, nos amis et notre société en général, mais nous vivons.
Nous ne savons pas comment, mais nous sommes capables de vivre chaque jour en tant que nation. Notre pays est censé s’être effondré, mais il continue. Bien sûr, pas selon les standards de l’Occident, mais on avance.
Si vous voulez une explication, je ne peux tout simplement pas vous en donner une !
Toutes les explications et les analyses socio-économiques et politiques indiquent que nous devrions nous effondrer. Nous devrions être ‘la nouvelle Syrie’.
Pour certains, vivre au quotidien est un miracle. Se réveiller le matin relève en effet du miracle.
Mais nous vivons. Comment ?
Une réponse en Dieu
En tant que chrétienne, j’ai une explication.
Je suis convaincue que Dieu est notre force. Dieu est notre créateur, notre Sauveur, il ne se lasse jamais de notre pauvreté ou de nos conflits. Je sais que beaucoup de gens se fatiguent. Même moi, je me lasse de demander aux gens de prier pour notre pays mois après mois, année après année, à propos de ceci ou de cela : priez pour les conflits en Éthiopie ; priez concernant l’augmentation de la pauvreté... Cela devient agaçant pour les gens du monde entier de nous entendre toujours ‘mendier’.
Mais je crois en notre Créateur, notre Sauveur, qui ne se lasse jamais de nos problèmes.
Dieu donne la force aux faibles, il pourvoit aux besoins de ceux qui sont dans le besoin et nous permet d’avancer et d’être tournés vers l’avenir. Nous ne savons pas comment, mais Dieu le fait. Jésus est notre espérance.
J’ai trouvé une définition de ‘l’espoir’ sur internet : ‘Patientez ; la Souffrance a une Fin.’
Dieu est donc notre espérance. C’est un espoir qui nous fait tenir jusqu’à ce que la souffrance prenne fin, ou qui nous permet de la supporter.
Je suis capable de tenir bon. Je suis capable de tenir bon encore et toujours, dans cette crise personnelle et nationale, par la communion avec mes frères et sœurs.
Nous prions ensemble chaque jour.
Nous commençons tôt le matin, à 5h 00, jusqu’à 6h 30. Nous paraissons peut-être pieux, mais nous prions simplement et demandons à Dieu la force, la puissance, et plus de grâce pour vivre chaque jour.
Nous nous rassemblons pour partager nos fardeaux personnels et aussi le cri de notre pays. Nous nous encourageons mutuellement avec l’espérance que nous recevons du Christ, qui lui-même est notre espérance.
Ainsi, frères et sœurs, en célébrant notre histoire et le début du mouvement anabaptiste, nous nous tournons vers la même source que nos aïeux et nos aïeules persécutés : Jésus-Christ. Il est notre seule espérance – avec ou sans souffrance.
—Tigist Tesfaye est un mentor et un soutien pour les jeunes, elle est membre de l’assemblée locale Debub Meserete Kristos en Éthiopie et auteur de Mewetacha (L’échelle - un connecteur de rêve). Elle est secrétaire de la Commission Diacres.
Tigist Tesfaye a pris la parole lors de Renouveau 2023 – Jésus-Christ, notre Espérance – à Abbotsford, ColombieBritannique (Canada), le 25 mars 2023 (présenté par vidéo). Cet article est adapté de sa présentation.
*Cela fait référence au calendrier grégorien. En Éthiopie, nous utilisons le calendrier officiel de l’Église orthodoxe Tewahido qui compte 13 mois et a commencé à une date différente, ce qui le place sept ou huit ans en retard sur le calendrier grégorien.
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